En 2005, à l'occasion de l'exposition Le monde de Franquin qui se déroule à la Cité des Sciences à Paris, Laurent Boileau réalise un documentaire de 52 minutes pour la chaîne de télévision France 5, intitulé :  Franquin, Gaston et Compagnie. 


Ce film écrit en collaboration avec Eric Verhoest, commissaire de l'exposition, introduit une technique de mise en valeur des dessins et des planches de Gaston, permettant une lecture audio-visuelle des gags. A la demande de Marsu Productions, Laurent Boileau et Mosaïque Films réaliseront un test sur trois gags pour un éventuel programme court.

:: Page des vidéos réalisées par Mosaïque  

Finalement, le test n'est pas validé par Marsu Productions, qui se tournera quelques plus tard vers le réalisateur français Alexis Lavillat, et le studio Normaal pour réaliser la série des 72 programmes courts (7minutes). 

Des tests sont réalisés par le studio en 2007, et un premier teaser de 4mn40 (épisode pilote) est produit en 2008. Thomas Fersen, le chanteur, selon le souhait d'Isabelle Franquin, prête sa voix à Gaston, et ça colle parfaitement. 

:: Les vidéos tests réalisées par Normaal  
:: Visuels par Normaal  


Pourtant, par la suite, c'est le comédien Micha Lescot qui reprendra le flambeau et doublera Gaston pour les 78 épisodes. Cette série sera diffusée à partir de décembre 2009 sur France 3 dans l'émission pour la jeunesse Ludo.

:: Liste des épisodes réalisés par Normaal  

56 épisodes sont sortis en 2 coffrets de 3 DVD en 2010 et 2011.
Puis, en 2018, deux DVD, de 13 épisodes chacun, ont été édités. En parallèle, est sorit un coffret collector de 6 DVD reprenant les 78 épisodes, une figurine et un livre de 344 pages reprenant tous les gags de Gaston adaptés en dessin animé.

:: Les DVD 2011-2012  
:: Les DVD 2018  
:: Le coffret intégral 2018 
:: L'album Gaston animé 2018 

 

Générique de la série

- Coproduction  : Marsu Productions, France Télévisions, Normaal, AB Productions, Flaat Studio, TSR - 2009 
- Réalisateur : Alexis Lavillat
- Conseiller artistique : Frédéric Jannin
- Musique : Féloche

Voix : 
- Gaston Lagaffe : Micha Lescot
- Léon Prunelle : Patrice Dozier
- Yves Lebrac : Bernard Alane
- Melle Jeanne : Elodie H iolle
- M. de Mesmaeker : Michel de Warzee
- Joseph Boulier : Laurent Pasquier
- Jules-de-chez-Smith-en-face : Jérôme Pauwels

 

 

    M’enfin ! Gaston Lagaffe s’anime

18 septembre 2008 - blog.lesoir.be - Daniel Couvreur
 

Paresseux du trait, Gaston a mis 50 ans à bouger : le virus Franquin a contaminé le studio Normaal.

Le chat déchire le petit écran. Prunelle fait ses yeux furibonds. Gaston traîne les mots dans la bouche de Thomas Fersen et quand Moiselle Jeanne rosit, elle a tout d´une bombe. Les gaffes de Lagaffe s’animent sur un air de trompette à bulles de savon.

Le réalisateur français Alexis Lavillat réussit l’impensable : faire bouger Gaston au « millipoil » sans trahir la maestria originale d’André Franquin. Gaston est beau à pleurer, drôle à faire rire les mouettes. Le pilote d’une série de 78 épisodes de 7 minutes, entièrement créée à partir des dessins et des scénarios du maître, a été présenté jeudi au Cartoon forum européen. Monsieur De Mesmaeker a immédiatement proposé le contrat de 5,5 millions d´euros à France Télévisions, la RTBF et la TSR. France 3 diffusera les 26 premiers épisodes dès la rentrée 2009.

Jean-François Moyersoen, dont la société Marsu Production gère les droits de l’œuvre, et Isabelle Franquin, la fille du créateur, ont interdit de gommer quoi que ce soit dans les dessins. Pas question de remonter les boulettes ni de réécrire les bévues. Le studio parisien de Normaal Animation a digitalisé les planches originales pour mettre le trait de Franquin en mouvement. C’est la première fois qu’un personnage de bande dessinée passe de la case à l’écran sans perdre son âme graphique et narrative.

Très déçu par les adaptations du Marsupilami, Franquin avait tracé une ligne rouge de son vivant : « Je ne veux en aucun cas être l’esclave de cette télé gourmande qui avale les scénarios à profusion, qu’il faudrait concocter avec une équipe de dix scénaristes. » Alexis Lavillat a respecté son vœu : « Nous n’avons rien inventé qui ne se trouve déjà dans les albums. Un gag, représente entre 40 et 80 secondes d’animation, Ils sont regroupés pour former des épisodes de 7 minutes comprenant 4 à 6 sketches basés sur un thème ou un personnage récurrent. Il y a, par exemple, un épisode Jules-de-chez-Smith-en-face. »

Normaal Animation a dû résoudre le problème de l’évolution graphique de Gaston. Entre l’antihéros de 1958, souffre-douleur de Fantasio, le bricoleur harcelé par Prunelle dans les années 70 et le Gaston écolo humaniste, la ligne de Franquin s’est assouplie puis relâchée sur la fin. Le réalisateur a privilégié une époque : « On a choisi la grande période des années 70 et remplacé Fantasio par Prunelle dans les anciens gags. Franquin avait lui-même substitué Prunelle à Fantasio parce que le rôle de rabat-joie lui convenait mal. Frédéric Jannin est notre conseiller artistique et le garant moral du projet. Il a travaillé avec Franquin et nous aide dans les choix, notamment en ce qui concerne la couleur dont Franquin n’était jamais satisfait dans les albums. C’est du boulot de dentellière mais c’est une bénédiction de pouvoir travailler sur les dessins de Franquin. Le trait de Gaston bouge tout seul. Le mouvement ne le dénature en rien ! Ce personnage mou porte sa propre dynamique cachée. »

Alexis Lavillat s’est coulé au cœur de l’œuvre, laissant Franquin faire le reste : « Face à un dessin aussi sublime, on n’essaie pas de faire le malin. Tous ceux qui bossent avec moi sur le projet sont nés dans les albums de Gaston. Franquin, c’est un peu notre Beatle. On n’aurait jamais pu trouver 100 animateurs capables de dessiner comme lui. Il n’y avait pas d’autre solution que de servir naturellement son dessin en le préservant jalousement. On a voulu lui rendre ce qu’il nous a donné. »

La voix cachée de Gaston - Dessin animé Cartoon forum européen

Pour Olivier Nomen, le producteur de Normaal Animation qui a grandi en Belgique, la série animée de Gaston, présentée au Cartoon forum, s’inscrit dans un vrai retour aux sources : « À ses débuts dans Spirou, Gaston n’était pas un héros de bande dessinée. Le journal l’avait présenté comme un animateur de pages. Il n’avait pas d’albums. Son créateur, le Belge André Franquin, a débuté sa carrière dans un studio de dessin animé, chez CBA, à Bruxelles… La technique d’animation utilisée pour faire bouger Gaston rend un hommage respectueux au maître. Ce que l’on verra à l’écran est à 99 % de la main de Franquin. Les ordinateurs ne sont là que pour remplacer les bulles.»

Toute sa vie, Franquin a entretenu une relation d’amour-haine avec le dessin animé. En 1944, chez CBA, il signe le court-métrage du Chat d’la Mèr’ Michel. Le résultat le laisse « vraiment très déçu ». Dans les années 60, quand il est question d’une série animée du Marsupilami, il réagit froidement : « Il faut calculer son coup, y aller prudemment, car on pourrait arriver à des catastrophes. » Il réalise tout de même une bible graphique mais les Américains de Marvel clonent le petit animal de la forêt palombienne en super-héros. « Franquin est sorti de là avec le front lourd et de la fumée qui lui sortait des oreilles », témoignera son complice Yvan Delporte, ancien rédacteur en chef de Spirou. Finalement, c’est Walt Disney qui signe le contrat d’adaptation pour faire du Marsupilami « le Mickey de demain », avec le résultat innommable que l’on sait. Le bizness gomme l’art du créateur…

Pour éviter de répéter la gaffe, Normaal Animation choisit d’inverser le processus. Chez Gaston, l’affectif prime sur la rentabilité. « Les gags ressemblent déjà à de véritables dessins animés sur papier, raconte le réalisateur, Alexis Lavillat. Il n’était pas nécessaire de les passer à la moulinette de l’animation moderne. Et avec le millier de scénarios disponibles, la matière existante reste inégalable. Gaston est né dans un monde sans GSM, sans mail, sans mémoire d’ordinateur. C’est le remède idéal à notre époque de stress absolu ! Je pense que les jeunes ont encore plus besoin aujourd’hui qu’hier de personnages positifs comme Gaston, dépourvu de toute violence et méchanceté. C’est un rebelle tendre, qui défend des valeurs exemplaires à réactualiser d’urgence, telle la sieste. »

Thomas Fersen, c’est Gaston

Le plus difficile a été de faire parler Gaston. Au terme d’un casting prodigieux, le chanteur Thomas Fersen s’est imposé. « Un jeune lecteur avait écrit à Hergé que Tintin n’avait pas la même voix dans les dessins animés que dans les albums. Tout le problème est là ! résume Alexis Lavillat. Des stars ont postulé pour tenir la voix de Gaston. Certains en faisaient trop. D’autres sont restés tétanisés ou avaient un accent trop parisien. Franquin pensait que Gaston avait une voix de fumeur, celle de Jidéhem, l’auteur des décors des premiers gags. On a écouté un bout d’interview de Jidéhem et on a pensé à Thomas Fersen. Sur l’un de ses disques, il disait avoir pris la voix de son père quand il lui lisait les albums de Gaston. C’était la voix cachée qu’on attendait. »

Gaston est sans doute à ce jour la plus belle réussite de l’histoire des adaptations de héros de bande dessinée au petit écran. « Normaal » : la série a bénéficié du meilleur des animateurs, Franquin en personne.

 

10 octobre 2008 - Interview d’Alexis Lavillat, « producteur réalisateur balayeur » du studio Normaal qui raconte comment sa société à relevé le « défi Lagaffe ».

Depuis quand travaillez-vous sur cette adaptation de Gaston en dessin animé ?

Depuis que Jean-François Moyersoen, qui gère Marsu Productions, est venu nous trouver en novembre 2007. Il voulait que l’univers de Lagaffe soit porté à l’écran sans pour autant que l’on intervienne sur le trait d’André Franquin, afin de rester fidèle à l’œuvre.

Comment avez-vous pu relever ce défi ?

D’abord, nous étions très excités. Dans le milieu du dessin, André Franquin possède la même importance que les Beatles pour les musiciens. Concernant la marche à suivre, ma réflexion a été simple. Pour réaliser un dessin animé, il faut une équipe d’une centaine de dessinateurs. Or je ne pouvais trouver autant d’illustrateurs ayant le talent du créateur de Gaston – à mes yeux le plus grand dessinateur ayant existé. Au lieu de redessiner Lagaffe, il fallait donc amener le mouvement à lui. Notre tâche a été facilitée par Franquin lui-même, car les mouvements de ses personnages sont très limpides et s’animent naturellement. Nous avons effectué un travail de dentellière en isolant chaque élément (par exemple, la bouche, les oreilles, les cheveux) pour appliquer à chacun une certaine mobilité. Nous avons ainsi sélectionné une série de mains qui s’enchaînaient au mieux pour produire un mouvement. 99% du trait visible à l’écran sera celui de Franquin. Nous n’avons redessiné que les décors cachés par les bulles.

Mais le style de Franquin évolue au fil des années…

C’est la raison pour laquelle nous nous sommes concentrés sur l’âge d’or de Lagaffe. On peut distinguer trois phases dans Gaston : celle des années 50, puis des années 70 et enfin des années 90. Toutes sont intéressantes à leur manière, mais la deuxième correspond à la phase la plus productive de Franquin et la plus représentative de Gaston pour le public. C’est pourquoi nous l’avons choisie.

De quels scénarios vous inspirez-vous ?

De ceux de Franquin, afin d’être le plus fidèle possible. Pour ne pas devoir délayer ou raccourcir un gag, tout en respectant les formats télévisuels,  les épisodes seront thématiques (sur Mademoiselle Jeanne, le gaffophone…). Un jingle visuel liera les différentes scènes, à la manière de Caméra café.

Thomas Fersen prêtera sa voix à Gaston. Pourquoi l’avoir choisi ?

Pour ce « rôle », nous avons testé une cinquantaine de comédiens, connus ou inconnus. Mais beaucoup étaient tétanisés face au personnage mythique. D’autres propositions étaient trop caricaturales. Ce choix fut difficile car Gaston possède autant de voix qu’il a de lecteurs, soit environ 30 millions… Finalement, Isabelle Franquin, la fille d’André, nous a proposé de faire appel à Thomas Fersen. Selon Franquin, Gaston avait le timbre de Jidéhem. Une voix légère et voilée semblable, à l’oreille d’Isabelle, de celle de Thomas Fersen. En faisant appel à lui, nous serions donc conformes à l’idée que Franquin se faisait de la voix de Gaston ! Le chanteur s’est naturellement coulé dans le personnage et s’est révélé être un habile comédien.

Pourquoi votre studio a-t-il été sélectionné par Marsu Productions ?

Les studios de production français qui réalisent en interne 100% de leurs produits sont très rares. Souvent,les grandes maisons délocalisent une partie de l’animation et, pendant plusieurs mois, il est impossible d’intervenir sur la réalisation. Au studio Normaal, nous pouvons en contrôler toutes les étapes. De plus, nous avons déjà adapté à l’écran la bande dessinée Mandarine & Co (de Jacques Azam, chez Milan). La fidélité au dessin original a été remarquée dans la profession.

Où en est le projet Gaston ?

Nous sommes dans la phase de pré-production et constituons une banque graphique. Nous avons achevé un film pilote de 5 minutes, une sorte de laboratoire de notre technique. Les fondamentaux y sont, mais il y a encore des détails à régler. Par exemple, nous nous sommes aperçus qu’il ne fallait pas mélanger les deux techniques employées par Franquin – la plume et le pinceau -, afin de gagner en cohérence. Nous préparons 78 épisodes de 7 minutes dont la diffusion est envisagée pour la rentrée 2009. Nous avons retiré le pilote qui était visible sur notre site, car il s’agit d’une version de travail. Nous communiquerons officiellement lorsque nous serons prêts. Nous souhaitons avant tout rendre hommage à l’œuvre de Franquin et lui redonner une visibilité immédiate auprès des jeunes lecteurs grâce à la télévision. Payer notre dette envers lui, en quelque sort !

Propos recueillis par Allison Reber


Gaston Lagaffe, le dessin animé. 
Par le studio Normaal, avec Marsu Productions et France 3. 
Réalisateur et producteur : Alexis Lavillat, 
sous l’expertise de Fred Jannin.
© Marsu Productions / Normaal Animation / France 3/2008

ActuaBD du 2 septembre 2009

Nous avons contacté Frédéric Jannin, qui a bien connu André Franquin et Yvan Delporte, le scénariste de nombreux gags de la série, afin de connaître son implication exacte dans ce projet. 

« L’adaptation est dirigée par Alexis Lavillat, et je tiens le rôle très délicat d’expert. Un terme bien à la mode ces temps-ci, raconte Jannin. En fait, j’essaie de veiller à ce que le graphisme soit le plus proche de celui de Franquin, ce qui n’est pas trop difficile vu que nous partons des vrais dessins de Franquin ».

D’après nos informations, les voix du teaser ne sont pas les définitives. Le chanteur Thomas Fersen ne prêtera finalement pas sa voix au personnage de Gaston dans les épisodes diffusés. C’est Micha Lescot qui aura la lourde tâche d’assurer le phrasé lymphatique du célèbre gaffeur, qui n’aura pas, on l’espère, la même portée catastrophique que celle du gaffophone.

Le dessinateur, rappelons-le, était associé aux mythiques Franquin et Delporte dans la création de la série Arnest Ringard et Augraphie. Il est également consultant auprès de Dupuis pour la refonte de la nouvelle édition des albums de Gaston Lagaffe prévue en librairie pour la mi-novembre.

 

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